Et s’il fallait un jour retourner en arrière, là où tout a commencé. Et si au milieu d’une mêlée de détails, de sons, de visions, de publications anodines encombrant vos pensées ; apparaissait tout discrètement un joli nom « Afella de la pomme », une promesse d’un voyage vers une zaouia, au pied d’une montagne ; une annonce d’un printemps sans artifice.
Et si le plus heureux concours de circonstances pouvait faire que vous vous trouviez emporté dans ce voyage. Prenez le temps alors de remercier la providence pour ce présent attentionné. Partez sans hésiter, ou même si vos doutes sont tenaces emportez les avec vous, ils ne résisteront pas longtemps au charme angélique d’une terre aussi dégagée qu’un ciel de début de printemps, parfumée des effluves des bourgeons en fête, assouvie par un cours d’eau tantôt limpide, tantôt vigoureux.
Et si tout cela ne suffit pas à effacer le plus gris de vos souvenirs, essayez d’imprimer au fond de votre mémoire la joie du regard illuminé d’un enfant qui porte encore au creux de ses mains serrées le désir d’exister, et qui vous observe furtivement au coin d’une ruelle au milieu d’une cité de maisons en terre. Prenez le temps de savourer la pureté de chaque instant, baissez la garde et acceptez toutes les bonnes attentions qu’on vous offrira, cueillez des fleurs ou les sourires bienveillants des passants, osez respirer à plein poumons parce qu’au bord du fleuve l’air se veut salvateur, laissez-vous guider, parce que sur le chemin d’une source de savoir, toutes les âmes s’inclinent en répétant la prière protectrice des temps révolus.
« كل في فلك »
Le temps d’un voyage, vous ne vous reconnaîtrez plus, car vous allez vous glissez à travers les sinuosités d’une grotte, pour vous immiscez dans le plus parfait silence, la plus rassurante pénombre. Là où tout a commencé, encore une fois, mais cette fois une voix claire guidera les flots de vos pensées, vos veines s’harmoniseront au rythme des résonances aquatiques, vous êtes dans un lieu où les éléments se recueillent pour réciter cette même prière que vos cellules n’oublient jamais :
« ألم يات على الإنسان حين من الدهر لم يكن شيئا مذكورا »
Suivez encore une fois cette caravane d’âmes en paix, pour retrouver la lumière du jour, d’un nouveau jour, une conscience de tout ce qui vous entoure rend les sons plus purs et votre vue plus claire.
Il est temps de partir à la recherche d’un trésor enseveli, couvert par un voile d’oubli et gardé par la simplicité d’une affection ancestrale. Derrière un dédale de murs et de lucarnes, se trouve le legs d’un homme de science, qui au prix des efforts de toute une vie, de longs voyages et d’une passion solitaire a ramené au pied de cette imposante montagne, les trouvailles de ses périples d’antan, et les fruits de sa lecture du ciel. Parce qu’il fût un temps heureux, où en offrande d’une vie dédiée on pouvait se faire dépositaire des sciences du ciel et de la terre, et passez le relais de la connaissance humaine à des générations, à des nations, ou aux tombeaux de l’histoire sur lesquels la terre se referme jalousement.
« Heureux qui péri à de nobles efforts »
Vous n’en êtes pas encore au bout de vos surprises, pensez à une ville fantôme, pensez à un paysage ocre, à des pierres précieuses, aux vestiges d’une mine, aux restes ferreux de l’ingéniosité des hommes avides d’un autre temps. Imaginez les spectacles qui ont eu lieu dans des théâtres bâti sur le flanc de la mine, puis ayez une pensée pour les âmes en peine qui ont taillé dans la pierre les signes d’un destin tragique. Ecoutez un moment le murmure du saule pleureur au bord du fleuve trouble, tous deux ont confié au vent leurs plus lointains souvenirs.
Un peu plus loin si vous apercevez un lac auréolé de son écrin vaseux, qui vous appellera certainement parce qu’il connait tous les prénoms, ne craignait pas les réprimandes, parce que son souffle glacial est votre retour à la vie. Qui mieux que ce berceau de renouvellement secret peut vous insuffler les mots perdus.
Maintenant que votre chemin de retour se dresse devant vous, menaçant comme toutes les routes serpentines, n’oubliez pas de dire vos adieux au dernier belvédère du trajet, écartez un peu les nuages que le vent plante pour vous cacher une partie du paysage égayé par le vert vif des jeunes pousses, et puisqu’il faut partir vers un monde parallèle où tout est moins pur, n’oubliez pas de soufflez à la plaine des promesses de retour.
Pourvu qu’il se trouve sur votre chemin -vous qui voyagez en quête d’absolu- des guides aussi sincères pour vous emmener vers des horizons aussi merveilleux, qui se dépenseront en attentions, pour vous inspirer une idée ou vous offrir un souvenir, et que même rien qu’une seule fois vous puissiez goûter au plaisir d’une compagnie aussi agréable et sans ombrages.
Travaillez, prenez de la peine, où que vous soyez, puis voyagez, pour que cette terre qui nous a donné sa couleur, sa saveur et son ardeur, reste notre fière appartenance et le refuge de tous les rêves d’enfants. Et si un jour, vous faites un tour du côté de cet havre oriental, touchez son eau millénaire, et faites un signe aux aigles des lieux
Pour Brahim et Hicham, il n’y a pas de mots pour vous dire toute ma gratitude.
Rédigé par l’amie d’Afella : Aicha El Gasmi
Vous avez fait partie de ce voyage ? partagez avec nous votre ressenti à ce moment là en commentaire ! Vous n’avez pas encore eu l’opportunité de voyager avec nous ? Nous nous ferons un plaisir de vous accueillir dans l’un de nos prochains voyages !